dimanche 20 mars 2011

THAKAEK: neant, poussiere, tenebres et compagnie

Depuis Vientiane, on decide de rejoindre Tha Khaek, petite ville au bord du Mekong a un peu plus de 300km au sud en plein centre du Laos, rien a y faire semble-t-il, mais point de depart pour une nouvelle petite aventure a moto de plusieurs jours, miam !

Quand un guide de voyage comme le Lonely fait part d'une ville ''charmante, somnolente et un peu ennuyeuse'', il faut s'attendre a un trou total parce qu'ils sont polis.........
Effectivement, debarques a la nuit deja tombee dans une sombrissime gare routiere, on est oblige de negocier un tuk tuk pour rejoindre la seule guest a l'air sympa......complet, full, full, merdouille.
Ca sent la galere, le truc est excentre en plus, on prend notre barda direction centre-ville sacrement eloigne......long long long a pied le long d'une bete route trop frequentee........Arrives extenues dans un hotel douteux, on se tire, prix hallucinant, chambre delabree. Rebelote un peu plus loin, mais ils se croient ou ici ? Finalement, petite trouvaille non indiquee dans le guide, accueil exclusivement lao rigolo, pas cher et Tv5 en prime !
Reste a manger, oh, la ville est un trou noir, normal, deja 20h........ouf, resto thai.

Bon, s'agit de se tirer d'ici au plus vite, une moto a louer, faut negocier sec, ici, il se croit a Deauville parce qu'ils sont au bord du Mekong....sont marrants aussi, ils essaient de te refiler une honda en mettant des autocollants de la marque dessus pour cacher les moteurs chinois yincin pourris, good motorbike, no chinese ! Ah, ah, ah.
On degote une vieille honda pourrie, mais honda quand meme, demarreur electrique flingue,- pas grave le kick ca fait plus viril-, freins acceptables, lumieres moyennes, pneus itou, mais moteur honda increvable, tout ce qui compte !
Ouf on se tire.....




Premier jour, boucle a l'est vers la frontiere vietnamienne, sauvage, pas trop courue par les touristes et route nickel. Mais ou s'arretera-t-on ? Boah, on en sait rien, on verra bien. Petit stop manger dans resto de chantier, sympa, vraiment plus que des laos, on se croirait au far east.
Ca roule, ca devient vraiment beau, on s'approche d'une des centrales hydrauliques les plus importantes du Laos, la Nam Theun 2, de nombreuses vallees inondees, difficile de se faire une idee sur le bon fondement de cet enorme chantier, en tout cas, cela cree de l'activite puisque des laos partent en barque pour plonger et recuperer des essences de bois rares, c'est toujours mieux que de la deforestation sauvage, perdus pour perdus, autant couper les arbres inondes que la foret primaire......n'empeche, ca donne un paysage etrange, melancolique, un peu morbide et inquietant a la lueur du soir.
C'est alors que l'optimisme sans bornes des chicos fait son apparition, on arrive a l'une des dernieres guesthouse dans une lumiere de toute beaute, apres, c'est une piste de 60km jusqu'à la prochaine ville......la lumiere de fin d'aprem est trop belle, la temperature parfaite, on continue.
Bien sur la trop belle piste va se degrader...
En passant, on croise des dizaines de camions remplis a plein d'immenses troncs d'arbres, on dirait que les travaux hydrauliques servent aussi de justification pour proceder a une deforestation en masse, derangeant...nous, on se sent transformes en idefix avec une enorme envie de pleurer a chaque camion qui passe...
La piste devient cahotique mais superbe tracant a travers les reserves naturelles de Nakai Nam Theun et de Phu Hin Bun.
Evidemment, il fait nuit avant notre arrivee a Lak Sao, dantesque conduite de funambules entre les nids de poule de la route franchement defoncee a travers la lueur des phares. Sur ce point, subtilite etrange de la vieille honda: ce n'est qu'en accelerant que les phares fonctionnent vraiment....bref, tu te fous en seconde, donne des gros coups d'accelerateur saccades pour reperer le terrain et eviter les trous !
Arrives extenues dans un trou perdu, un vague motel, un resto affreux et dodo.








Trajet sans histoire et de toute beaute avec de sublimes pics karstiques comme decor jusqu'à la ville de Ban Khoun Kham, petite bourgade qui a nouveau doit un semblant de vie a l'activite hydro-electrique de la region.
On se trouve une guest tres locale dans une vieille maison en bois, luxe total, tout seuls dans la guest et dans une chambre a 5 euros clim ventilo, nickel, tv cablee, bref, la super occas.....ouf deux nuits de dodo tranquilou en perspective.
Toujours tres peu de touristes.
Chaleur ecrasante......

L'interet du coin, c'est une sacre grotte a quelques dizaines de km de la, Tham Kong Lo, 7km a parcourir le long d'une riviere souterraine sur une vieille barque a moteur. Ambiance sombrissime a la lueur des seules lampes a petrole nauseabondes, on fonce dans le noir en faisant confiance au pilote, ressenti particulier de filer sur l'eau dans une grotte parfois immensement haute et large et parfois etroite et basse renforcant encore un effet claustro.
Petits arrets forces de temps a autre pour descendre du bateau les pieds dans l'eau, saison seche oblige et arret touristique en plein milieu pour admirer des stalactiques et -mites eclaires avec des lumieres blafardes bleues et vertes donnant au tout une petite allure kitsch.
Une heure plus tard, sortie magique de l'autre cote dans une vallee encaissee et isolee, waouh !

fil, effraye, surement poursuivi par un monstre sanguinaire...


zavez vu les dents du monstre ?







Retour en soiree en mopet au village sous un paysage splendide et une lumiere magique, le temps d'observer les laos recoltant le tabac dans des champs immenses et d'eviter le complot des animaux. C'est incroyable toutes ces betes qui se mettent en tete de filer sous les roues quand tu arrives, des gentils petits canard au sournois veau imprevisible en passant par beta le cochon suicide. Celui-la en particulier nous poursuit. Terre sur le bord du fosse, il decide, dans un acces de folie et surement pour se sentir vivre, de traverser juste quand tu passes, surement attire par l'odeur du caoutchouc brule sur le bitume ou obnubile par la tete des conducteurs de scooter effares, il a fait le coup a l'aller et l'a tente au retour. Apres, il s'etonne de cuire sur sa broche.....



















Dernier jour retour dans la ville perdue de Tha Khaek. Vue superbe sur le parc Phu Hin Bun et ses sommets aceres. Ensuite, route sans interet et interminable, ennui ? Mais non car on se met en tete de se faire un petit detour par un lac annonce comme de toute beaute. 42km de piste aller-retour quand meme...une terre battue lisse et sublime deroulant son trace au milieu d'un paysage etonnant proche d'une savane africaine, ca c'est pour le debut....puis infernale piste super defoncee sineuse, montante et descendante a travers la jungle, a te faire regretter tout detour. Mais bon sang, les mecs qui font les guides, ils n'ont jamais voyage en dehors du pays ? Le lac ? Un trou d'eau bleu, certes, la couleur de l'eau est sublime et transparente, mais de la a justifier la galere du detour certainement pas, ce lac ne vaut pas le debut d'un lac de montagne tyrolien ou suisse.....
En plus,desolante anecdote sur l'influence nefaste de l'ouverture au commerce et au capitalisme sauvage d'une societe aux fondements communistes et traditionnels surtout dans les campagnes. Ce lac est sacre pour les locaux, paysans habitant un lieu isole et semblant vivre essentiellement de leur culture, donc la baignade est interdite pour respecter le repos du lieu et des esprits. Mais pas sacre pour tout le monde parce qu'il est indique que si tu es prêt a debourser une grosse somme d'argent, - en l'occurence 5 euros -, tu peux tranquilement aller te baigner...ah, meme au plus profond de ces contrees, le capitalisme sauvage a repandu son fiel de cupidite, pauvre monde !





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